Nohanent

A l'époque gallo-romaine le village s'appelait "Noenemus" (de "noe", où l'on peut se baigner et "nemus", forêt). Le nom a évolué vers "Noenemcum" (10ème siècle) puis en "Noanenc" prononcé "Nounein" (la dernière consonne étant prononcée selon le patois local).

Vers 1300, par influence de la langue d'oil, la graphie s'est vue enrichir d'un "h" afin de préserver la lettre "a". C'est donc bien "No-ha-nent" qu'il faudrait prononcer, mais la population, pour une raison inconnue, ayant continuer à prononcer "Nou-nein" la francisation a finalement conduit à "no-nant" !

 

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Si Nohanent se prononce "nonant", savez-vous prononcer Lempdes, Cunlhat, Opme, Theix, ...

(lende, qun ya, ome, té, ...). C'est curieux cette manie d'écrire plein de lettres que l'on ne prononce pas !

A vrai dire on ne peut pas dire que le village soit beau, mais il avait une particularité

qui méritait le détour : ses blanchisseuses.


Au lavoir par Rocher Mauve

À genoux sur la paille, les lavandières,

Brassant le linge savonné,

Égrènent dans l'eau la vigoureuse prière

Qui absout les draps charbonnés.


À francs plongeons les avant-bras rougis travaillent,

Happent, jettent, tordent dans l'eau

Le linge en folie. Les laveuses rient, criaillent,

Oublient le froid qui mord la peau.


Sur la pierre plate elles attirent leur proie,

La pressent, et la rouent à grands coups

De battoir. L'eau s'écoule du linge aux abois,

À la fin on lui tord le cou.


Puis dans la brouette elles empilent le fruit

De cette journée tissée d'eau

Et de lin. Le linge blanc, sorti de sa nuit,

Fait le dos rond dans son berceau.


Au lavoir déserté l'eau redevient limpide.

Le soleil jette sur sa robe

Un friselis d'argent, des braises translucides

Et bientôt glisse, se dérobe.


Au loin, le long des saules, les femmes cheminent,

Poussant leur fardeau odorant

De l'eau des prés. Ce sont d'étranges ballerines,

Floues sur l'horizon transparent.

Le blason date de ... 1987 ! En haut, il reprend celui de Chardon du Ranquet, le dernier seigneur du lieu (1789) mais en rouge. Le sanglier représente l'ancienneté gauloise, la bande ondulée représente la source St-Martial et la main de justice la nature de fief du village.

La source St-Martial sort d'une coulée du Pariou.

En 1872 on comptait 309 blanchisseuses à Nohanent (on prononce Nonent, mais ne me demandez pas pourquoi), spécialisée dans le lavage des draps de Clermont-Ferrand, Chamalières et Royat (les hôtels). Les ballots de linge étaient acheminés par des chars à boeufs ou à dos d'ânes. La dernière a cessé son activité en 1962 ! C'est notre regretté cousin André Jamot - par ailleurs célèbrité locale avec son canard et ses dons de prestidigitateur (il avait fait un Noël de l'Elysée sous VGE) - qui fut, en 1970, l'un des créateurs de la "Confrérie des Blanchisseuses de Nohanent", qui n'existe plus, mais qui eut Pierre Bonte comme parrain. Les lavoirs étaient en lave de Volvic (photos). Les femmes ajoutaient de la cendre de bois entre les couches de draps dans les cuviers pour la "cuisson" (adsorption des saletés par le charbon) et je me rappelle des boules de bleu Outremer Guimet (azurant) que les femmes ajoutaient lors du rinçage pour rendre les draps plus blancs. Ces draps étaient ensuite écartés à même le sol pour sécher sur l'herbe fauchée rase des près devant chez ma grand-mère (1950-1960)! Blanchisseuses, oui, mais pas laveuses, ni lavandières (je n'ai pas souvenir de l'utilisation de la lavande pour parfumer le linge).

Hélas, la municipalité de Nohanent n'a pas senti qu'elle devait préserver se site exceptionnel du patrimoine. Il ne reste plus qu'un "bassin" (photo n°1) sur les cinq que j'ai connus. La place a été goudronnée pour permettre à une dizaine de véhicules de stationner !

Aujourd'hui, place de la Barreyre il ne reste plus qu'un espace de lavoirs en pierre de Volvic, alimenté par la source émergente de l'une des coulées volcaniques terminales du Pariou.

Ecologie : la séparation des eaux de sources permettait de réserver l'eau destinée à la boisson et à la cuisine de celle destinée au lavage. Les laveuses travaillaient d'abord sur le dernier bloc avant d'aller rincer en amont pour avoir de l'eau plus claire. Il y avait des truites dans le premier bassin !

Il y en a une dans le bassin de la source.

 

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 Pour en savoir plus : "Nohanent, Cité irréductible" - Presses Diazo 1, Clermont-Fd, 2001.


Des deniers mérovingiens  découverts en 1877 !